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Des années que vos amis vous le rabâchent : les Italiens sont des Français de bonne humeur ; les chefs d’œuvre de l’architecture sont partout ; la mode est au coin de la rue ; et la cuisine… O Madonna ! C’en est trop. Piqué dans votre orgueil, vous franchissez enfin le pas – et les Alpes - pour vérifier par vous-même de quoi il retourne. Comment, le pays aux 1 000 fromages et aux grands crus classés, la patrie du Cognac, d’Yves Saint-Laurent et de Louis Le Vau ne serait donc pas seul au monde !
En bagnole de fortune, vous prenez la route. Le tunnel passé, vous gardez pied au plancher, mais une légère brise de doute assaille votre gallocentrisme. Tout vous semble familier, pourtant un voile d’exotisme revêt vos certitudes. Turin, ses tailleurs et son marché couvert vous estomaquent ; les vins de Toscane vous laissent sans voix ; quant à Florence, il n’est rien à en dire qui ne pourrait ternir son éclat.
C’est en faisant escale vers le Sud, non loin de l’Adriatique, à Ascoli Piceno, que votre cœur chavire pour de bon. Fuyant la chaleur de ce début d’été, vous trouvez refuge sous les arcades du célèbre Caffè Meletti. Depuis la terrasse de cet écrin néoclassique – propriété de la distillerie familiale et artisanale du même nom, fondée en 1870 – vous admirez la piazza del Popolo, bijou du style Cinquecento. Anisetta, sambuca, liquore al caffè, amaro, aperitivo et limoncello défilent, vous éclaboussant de leur fraîcheur et de leur parfum.
Des hommes au costume rayé impeccable s’attablent, semblant ignorer la canicule ; au loin, une Italienne aux faux airs d’Anita Ekberg disparait dans une venelle ; des odeurs de cuisine vous parviennent… Votre âme est paisible, votre esprit encore un peu confus. Sarà perché ti amo.
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